Comme souvent le vendredi soir, la météo est un sujet d’attentions pour savoir si demain ça va voler. Prévision Nord le matin tournant Sud en début d’après midi. Première conclusion, Nord à la Sainte ce n’est pas le top, mais si ça tourne, pourquoi pas. Il faudra attendre et cela veut dire un déco en début d’après midi avec les thermiques. Ca risque de bastonner.

Le matin c’est bien nord à la balise, mais un coup de téléphone à Loic pour me rassurer, et c’est parti rendez vous vers 11h30 au col. En montant au Pic ce samedi matin, j’ai bien pris mon panneau « PARAPENTE RETOUR MAISON » mais ce n’est pas la première fois. La semaine dernière, j’avais fait la même chose, mais mon vol s’était soldé par une bonne ballade sur la Sainte. Avec un plaf à 1800m, j’avais bien essayé de partir, mais arrivé à 1400m au niveau de l’observatoire, je n’avais pas osé aller plus loin et me suis posé.

Cette fois, je n’ai pas plus de prétention, même si les récits de certains « petit nouveau » comme nownow ou Thomas me tentent beaucoup. Pour moi, ces belles expériences restent néanmoins ponctuées par de nombreux conseils de prudence des anciens et des expériences beaucoup plus traumatisantes que je garde aussi en mémoire. Bref, je ne me mets pas la pression et il faut déjà arriver en haut, au Pic, alors qu’il fait déjà une chaleur pas possible.

En haut, je retrouve les incontournables Bauju, Bams, Patrick, JML et bien d’autres qui ne parlent que de partir plein nord vers des endroits qui me semblent si éloignés de la Sainte. Il paraît même qu’au fond, tout là bas, il y a des risques d’orage dans la soirée. Moi, je suis très loin de tout ça, car un vol d’1h en local, cela suffit à mon bonheur.

Vers 13h les fusibles font leur départ, pour moi ce sera 13h30. Sur la Sainte, ça monte pas mal et je fais un premier plaf à 1900m. A cette altitude, beaucoup décident déjà de partir, mais moi, il me faut du temps pour me décider … Après ½ h de vol en local, je remonte à 2000m. Cette fois c’est décidé, je tente le coup. Après une annonce radio que personne n’entendra (je me suis rendu compte que le son strident que j’ai entendu ¼ h après le déco c’est ma radio qui rendait l’âme faute de batterie) départ plein nord en espérant passer les ubacs. En vol je profite d’un thermique qui me permet de me refaire et viser sereinement Rians. Beau transit, mais ça dégueule ferme. Heureusement qu’il y a tous ces beaux champs fauchés en dessous. S’il faut se poser ici, cela ne devrait pas être trop difficile, il y a de la place. J’espère pourtant bien retrouver un thermique avant d’être trop bas.

Certains pilotes sont nettement au dessus de moi et d’autres sont plus bas et ils ne cherchent pas encore à se poser. J’ai encore le temps de chercher et je finis par trouver un gentil thermique qui m’emmène dans la vallée suivante. Il y a un village plus loin avec une route et des champs sur le bord. C’est une logique que je découvre, mais ces trois éléments me paraissent importants pour ma fin de vol et le retour auquel je n’ai pas vraiment réfléchi. On verra plus tard, pour le moment je profite avec une certaine euphorie d’être arrivé si loin.

Près de la zone de Cadarache, je sais qu’il existe une zone d’interdiction de survol, mais difficile de savoir à quelle endroit elle se situe exactement. Je me souviens vaguement qu’au dessus de 1400m la voie est libre. Je ne suis pas très serein car un hélico viens de me passer dessous, il y a une ligne HT qui me paraît énorme, et les thermiques que j’enroule dans cette zone me poussent vers Cadarache.

Tant pis, je n’ai pas été jusqu’au plafond mais je décide d’aller voir plus loin.

Les paysages sont somptueux, je commence à apercevoir le Lac d’Esparon et les Alpes se dessinent au fond.

A 1000m d’altitude, alors que je descends toujours, je trouve un thermique qui me paraît interminable et qui me mènera sous les nuages à 2700m.

Avec ça, je peux sereinement me fixer l’objectif suivant. Il y a bien le lac de Sainte Croix à ma droite, mais un gros nuage bourgeonne au dessus, ce qui me rappelle ce que disait Loic au déco : risque d’orage en fin d’après midi. Donc pas question de partir par là, je continue tout droit en respectant la règle que je me suis fixée : route+champs+village.
Là le vol est très agréable, je découvre des paysages inconnus, mais ça ne fait que descendre. Je ne sais plus du tout où je suis. Je suis relativement euphorique en pensant à l’exploit personnel que je suis en train de réaliser.

Tout paraît si simple, j’ai de l’altitude, des zones pour poser un peu partout. Ce n’est pas la peine de gratter près du relief, peu d’autres pilotes à surveiller (ça change des vols du soir en dynamique où je passe mon temps à surveiller tous ceux qui passent prêt de moi.

Finalement, mon vol se termine dans un champ, pas loin d’une route et d’un village que j’ai survolé peu avant. A ce moment, la seule chose que j’ai oubliée c’est que si j’ai fait des pointes à plus de 60km/h avec mon EN B sortie d’école, c’est qu’au sol il doit y avoir un peu de vent !!! En me mettant face au vent je m’en suite vite aperçu et je pose en limite d’un champ immense car face au vent je suis descendu verticalement.
Maintenant, il faut rentrer. Avec le panneau de Gao tout le monde dit que c’est trop facile. Je vais vite être fixé. Je me mets à marcher le long de la route. Pas très passante cette route et beaucoup de touristes qui visiblement ne comprennent pas ce que je veux (il faudrait avoir un panneau version anglaise). Bilan une petite heure pour rejoindre Valensole et la route de Manosque. C’est vrai qu’à pieds les distances sont vraiment plus longues à couvrir !

Un Roumain m’emmène ensuite directement sur Aix où je fais appel à ma femme pour récupérer la voiture restée au Col des Portes.

Je finis la journée avec un mélange de grosse fatigue et d’excitation, des images plein la tête. C’est véritablement difficile à décrire, mais que c’est bon.

Ps : désolé de n’avoir ni film ni photos à vous proposer, j’ai tout gardé dans la tête.

Je vous laisse juste ma trace GPS :
http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2011/vol/20119445