Parapentes de la Sainte-Victoire

Parapentes de Sainte-Victoire => LE BISTROT => Discussion démarrée par: Jean Michel L le 02 Septembre 2016 à 19:18:42



Titre: ne pas se voiler la face..
Posté par: Jean Michel L le 02 Septembre 2016 à 19:18:42
je vais me livrer à une analyse qui peut paraitre extrêmement dérangeante mais qui ressort de 40 ans de pratiques de sports aériens.

je vais d'ailleurs commencer par la conclusion: Le parapente en condition thermiques puissantes, c'est particulièrement dangereux.

C'est une conclusion que vous éviterez soigneusement de faire lire à votre épouse, copine ou enfants pour éviter devoir faire des concessions mais l'occulter soit même est encore plus inconscient.

C'est à mon avis dangereux à cause des qualités intrinsèque à cet aéronef de M..... qui est totalement froissable, retournable, ect bref vulnérable en aérologie turbulente. Tous les pilotes prennent des airs de vierges effarouchées lorsqu'ils voient un dust sur le déco mais ça ne les préoccupe pas plus que ça de côtoyer des phénomènes semblables et invisibles à des altitudes hautes.. c'est du déni.
Je signale au passage que la quasi totalité des autres aéronefs sont dotés d'une immunité à la turbulence (planeurs, deltas etc..) ils ont des problèmes autres.
Ce déni du danger est en parti dû au fait que nous sommes atteints d'une névrose qui nous prive d'une partie de notre instinct de conservation après avoir connu l'enivrement du vol... nous refusons évidement d’appartenir à une catégorie victimes d’addiction (des drogués) mais je ne cherche même plus à m'en défendre... j'en suis.

C'est également dangereux par cette faculté que l'humain a de cultiver l’aggravant..
Ce que j'appelle l’aggravant, c'est l'orgueil, le narcissisme, le fanfaronage, etc..
L'orgueil tue à mon avis bien plus l’abatée mal temporisée.

Combien prennent des risques imbéciles pour inscrire quelques point futiles au tableau de la cfd ou autre.. Combien volent avec une aile beaucoup trop exigeante, toujours dans la course au pompon..

En ce sens, j'aurai même tendance à considérer que la pratique du vol thermique en conditions fortes est plus risquée que la voltige qui évolue souvent en conditions plus lisses.

J'ai été aussi à un moment de ma vie, professionnel de la sécurité routière et je me suis toujours opposé au fait que "l'amélioration de la maitrise" était d'un gain dérisoire par rapport au travail sur le comportement.. dans ce discours, j'ai toujours été à contre courant des marchants de maitrise.. le vilain petit canard qui nuit aux marchands de maitrise... mon combat n'est pas nouveau.

Je dois partir bosser, je reprend ce fil demain.






Titre: Re : ne pas se voiler la face..
Posté par: Jean Michel L le 03 Septembre 2016 à 09:56:22
Pour en revenir au SIV, notez que j'ai évidement compris qu'il élève le niveau de maitrise.

Le problème, à mon avis c'est que le niveau de maitrise (en dehors des manœuvres de décollages et atterrissages) apporte peanuts sur les stats accident. Tout le monde est victime, les bons et les moins bons... difficile à admettre.

Le gain sécu passe avant tout par des notions comme l'analyse, la compréhension, l'engagement, le renoncement.. Je parle toujours vol cross/thermique que je connais.

Mes convictions s'appuient sur des expériences de sécurité routière pour lesquelles j'ai eu à plancher.

Deux courants s'affrontent pour améliorer les comportements des conducteurs.

 - Ceux qui pensent que le niveau de maitrise doit être amélioré et les écoles de pilotage spécialisées proposent des execices de freinage, dérapage, conduite sur glace etc..

 - Ceux dont je fait partie, qui considèrent que conduire une automobile est un acte social qui consiste à partager un espace et qu'il est nullement utile d’être un as du volant pour faire preuve de courtoisie, retenue, humilité.
Bien des qualités de conducteur sont à mon avis acquises dans le mode d'éducation de l'enfant.

Cette vision éducative ne convient pas du tout aux marchands de maitrise et de pilotage.

Dans le milieu de l'enseignement de la sécurité routière (auto écoles en particulier)mon discours est très mal perçu.
Pourtant, je continuerai à croire que le rôle éducatif des parents peut avoir eu effet bien plus positifs dans la durée sur la sécurité routière que les apprentissages longs et couteux par des auto écoles qui influent peu sur la vie future des automobilistes en n'ayant aucune incidence sur leurs comportements responsables.

Les assurances accordent + de confiance aux conducteurs femmes dont le comportement est plus accès sur l'attitude responsable que sur la maitrise du véhicule

Alors si le siv rend plus virtuose en pilotage, je trouve que les cimetières commencent à être bien garnis de virtuoses... J'ai franchement l'impression qu'il va falloir sérieusement étudier d'autres pistes pour éviter d'avoir un parc de pilotes super balaises en pilotage et toujours aussi vulnérables.

En attendant, je vais m'entrainer à utiliser mon parachute et pas sur l'eau car je déteste l'eau ;-)

 







Titre: Re : ne pas se voiler la face..
Posté par: Bruno L le 05 Septembre 2016 à 08:43:36
Hello Jean-Mi

Je comprends ton point de vue : les stages de SIV/Pilotage amenent au developpement de competences liees au pilotage. Du coup, certains pilotes peuvent etre amenés à prendre + de risque, à reduire leur marge de secu ...
Ok. Ça se tient et ça se verifie chez quelques piotes.
Par contre, je ne pense pas que le vol libre soit 1 acte social qui s'apparente à la conduite automobile, du fait de la difference du nbre d'intervenants, de l'engagement reel / integrité physique ...


Titre: Re : ne pas se voiler la face..
Posté par: Jean Michel L le 05 Septembre 2016 à 13:18:20

Évidement, tous les remèdes qui ont permis d'améliorer la sécurité routière ne sont pas transposables, et je pense en particulier à la répression  :yikes:

La fermeture en plein vol est l'incident qui fait très peur mais gardons à l'esprit que bien des accidents se produisent en phase de décollage ou d’atterrissage...

La résistances au fermetures a fait un grand progrès avec la technologie des joncs en bord d’attaque mais depuis... rien.

Je constate aujourd'hui, la migration de pilotes du parapente vers le planeur pour des raisons de performance mais aussi de fiabilité. Phénomène nouveau.



Titre: Re : ne pas se voiler la face..
Posté par: Bruno L le 05 Septembre 2016 à 14:33:16
Migration vers le planeur? C'est marrant, toujours dit à Nath, mon epouse, que le planeur m'attirait enormement.
Je ne connais pas du tout mais la glisse et la beaute de ses machines font que cela me donne envie. Egalement sa vitesse et ses capacites de voltige. Qt à l'aspect secu et fiabilite de cette pratique,je t'avoue que ce n'est pas ma motivation premiere


Titre: Re : ne pas se voiler la face..
Posté par: ksuxcle le 05 Septembre 2016 à 17:18:42
quand même si on s'est entrainé avant (début de vidéo) ça aide (fin de vidéo) :yes:

https://vimeo.com/181383083


Titre: Re : ne pas se voiler la face..
Posté par: clément le 05 Septembre 2016 à 20:15:22
Merci Jean Mi pour cette réflexion interessante.

Je partage ton opinion sur notre addiction au vol libre et sur le fait que cette addiction occulte les réels dangers de notre pratique.
En revanche je ne pense pas que les dangers du parapente viennent de la fragilité de l’aéronef … mais ce n’ai pas le plus important.
Le danger provient du pilote dans son environnement spécifique. La plupart des aléas (incidents, accidents) résultent d'un défaut d’analyse, d’un manque de discernement sur ses propres capacités du moment, de l’influence trompeuse d’autres pilotes, d' une aérologie en mauvaise adéquation avec son matériel et ses compétences, d’ un manque de compétence en pilotage.

Sur la route les accidents sont principalement liés à l’environnement (un chien qui traverse, une moto qui double, un objet au milieu de la route). L’équation est basique ... plus tu roules vite et moins tu as de temps d’analyser le danger et l’éviter. Nous passons tellement de temps à conduire que nous avons tous développé une capacité technique de pilotage de voiture suffisante pour conduire en sécurité. Je suis entièrement d’accord avec toi, sur la route ce qui ferra la différence entre un comportement à risque et un comportement « normal" sera l’ éducation, la courtoisie, la souplesse et la concentration.

Pour le parapente les choses sont très différentes.
Nous passons très peu d’heures à piloter notre aéronef et nous devons « voler intelligemment » malgré cette addiction qui nous embrume le cerveau.

Cette addiction peut tôt ou tard nous amener dans des situations qui vont dépasser nos compétences.
Nous nous retrouverons alors en situation de stress avec le cerveau en « mode dégradé » et seul une gestuelle bien rodée nous tirera d’affaire.
Il faut donc nous entrainer en répétant des gestes techniques encore et encore pour acquérir des « reflex » salvateurs. Une fois intégrés, il est de rigueur de rester conscient que ces réflexes ne viendront jamais se substituer à toute vigilance dans l’analyse et dans le facteur humain.

Le gonflage et le SIV font partis de ces entrainements et sont pour moi incontournables pour voler sereinement.

Clément